Comme beaucoup de ville en France, Lille garde des traces importantes de l'ère napoléonienne du début du 19ème siècle. Quelques œuvres importantes sont encore visibles et, surtout, certaines décisions "impériales" ont eu un rôle crucial pour le rayonnement de la capitale des Flandres.
Les passages de Napoléon à Lille
Napoléon Bonaparte est venu deux fois en visite à Lille : la première fois en tant que Premier Consul et la seconde en tant qu'Empereur.
- Première visite : 6 et 7 juillet 1803
Cette visite fut l'occasion du renouveau du corps des canonniers - que le Premier Consul mettra à l'honneur - mais surtout du transfert à Lille du statut de préfecture au détriment de Douai, donnant ainsi à la ville une autorité administrative et commerciale forte. - Seconde visite : 22, 23 et 24 mai 1810
Pour l'occasion, un arc de triomphe et une série d'obélisques, dont deux de 20 mètres, sont construits mais surtout de grands travaux furent validés par décret impérial : le port et les égouts de Lille ainsi que la construction d'un nouvel hôtel de ville avec un beffroi. Il sera bâti Place Rihour.
Anecdote : l'ambiance de ces deux visites est totalement différente. La première fois, l'opinion publique est franchement favorable à Bonaparte alors qu'elle est devenue vers 1810 réticente vis-à-vis de Napoléon, avant de lui devenir, peu après, franchement hostile.
Ce qui est encore visible
En plus des constructions publiques et modernisations importantes liées au passage de Napoléon, voici quatre occasions de croiser "Napoléon" à Lille.
Le Pont Napoléon : c'est bien entendu le "monument" en l'honneur de Napoléon le plus connu et le plus apprécié des Lillois. Construit en 1812 en l'honneur des victoires de l'empereur, il sera détruit et recontruit deux fois. C'est une très élégante passerelle qui a la particularité d'être le seul pont piéton couvert de France.
La statue de Napoléon : inaugurée le 3 décembre 1854 au cœur même de la Vieille Bourse de Lille, la statue est fondue avec les anciens appareils de la Monnaie de Lille, qui eux-mêmes avaient été coulés avec le bronze des canons pris à Austerlitz. Le 10 avril 1976, la statue est arrachée à son socle (encore visible au sol) pour être reléguée dans des entrepôts municipaux jusqu'en 1997 où l'oeuvre sera placée dans une des ailes du Palais des beaux-Arts de Lille.
Le musée des Canonniers : installé dans l'ancien couvent des Urbanistes, ce musée insolite présente une multitude de document et de matériel relatif à la Confrérie de Sainte-Barbe et la défense de la ville de Lille. En particulier, deux pièces de canons exceptionnelles sont exposées : les fameux Gribeauval, don de Napoléon Bonaparte aux canonniers lors de sa première visite de Lille en 1803. Sur ces canons sont gravés ces mots : « le Premier Consul aux canonniers de Lille » avec la date du 29 septembre 1792, afin de conserver la mémoire de la résistance héroïque des Lillois lors du siège de Lille.
Le portrait de Napoléon en costume impérial : appartenant au musée des Beaux-Arts de Lille, cette magnifique esquisse a été conçue pour un portrait devant orner la salle des audiences de la cour d’appel de Gênes. Il s’agit alors du premier portrait officiel de l’empereur en grand costume de sacre peint par Jacques-Louis David. Napoléon rejeta cependant cette représentation qu’il jugeait mauvaise.
Ce qui a disparu
Pour la seconde visite de Napoléon, devenu alors empereur, deux obélisques hauts de 20 mètres furent érigés à l'extrémité de la rue de la Barre. D'autres moins élevés jalonnaient aussi le trajet que devait suivre le cortège impérial. Mais la pièce principale était un arc de triomphe, proche de celui qui rendra célèbre la place de l'Etoile à Paris. Oeuvre de l'architecte Dewarlez, il s'élevait au croisement des actuelles rue d'Angleterre et rue Royale.
Beaucoup de noms de rues lilloises étaient influencés par l'ère napoléonienne. Elles ont toutes été renommées au cours du 19ème siècle. On peut citer la rue Bonaparte devenue rue d'Angleterre, la rue Napoléon devenue rue de la Monnaie, la place Napoléon devenue place Saint André ou encore la rue Impériale devenue la rue Royale.
A noter qu'en 1815, un portrait du Premier Consul - peint par le célèbre Jean-Auguste-Dominique Ingres et offert à la municipalité - fut détruit.
Anecdotes
Napoléon III, troisième fils de Louis Napoléon Bonaparte un des quatre frères de Napoléon Ier, laissa aussi son empreinte à Lille avec la création à Wazemmes de la cité Napoléon, plus connue sous le nom de "cité philanthropique". À travers le décret de 1852, il étend en effet le modèle de la cité Napoléon de Paris pour les grandes villes manufacturières comme Lille. Six pavillons séparés par des rues de 16 mètres de largeur seront construits et les bâtiments sont reliés entre eux par des ponts voûtés qui ont aujourd’hui disparu.
Le Napoléon, hôtel restaurant en face de la gare Lille Flandres, n'a aucun lien avec l'empereur. Il tient simplement son nom de son créateur : Napoléon Moorhead.
"Bal donné à leurs majestés dans la grande salle de l'Hotel de Ville"
Gravure issue du Monde Illustré de 1867 en l'honneur de la venue de Napoléon III à Lille
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