En 1855, Lille a deux gares. Une dans le centre (l'actuelle gare Lille Flandres) et une à Fives, commune qui sera officiellement rattachée à Lille en 1858. Mais ces gares ne parviennent plus à répondre à l’intensité du trafic et au fort développement des flux de voyageurs et de marchandises. Et malheureusement, il s'avère trop complexe et trop couteux d'agrandir la gare centrale (une étude avait été faite en 1847 par l’architecte Alfred Armand mais sans suite). Le maire en place cherche alors des solutions mais se retrouve le plus souvent bloqué par l'omniprésence des remparts, formant un véritable carcan autour de la ville.
1858 : Lille décide de s'agrandir. Les villages Moulins, Wazemmes, Fives, Esquermes deviennent lillois à part entière. Les remparts et portes accédant à ces nouveaux quartiers, beaucoup moins urbanisés, vont être peu à peu détruits, offrant de nouvelles possibilités de construction.
1859 : un projet un peu fou est proposé. Une nouvelle gare voyageur et marchande serait construite entre la place de la République (à l'époque la place Napoléon III) et la porte de Paris. Elle serait géante avec deux halles pour les passagers et deux halles pour les marchandises. Le tout autour d'une nouvelle place : la "Place des Victoires". Trop complexe encore une fois et trop couteux. Le projet n'a pas de suite.
1861 : l’idée d’une gare uniquement marchande s'impose assez naturellement car plus raisonnable. L'emplacement actuel est choisi de par son positionnement stratégique entre l'ancien Lille et ses nouveaux quartiers et par la facilité de raccordement au réseau ferré existant passant au nord-est de la ville.
1864 : la construction de la future gare démarre. Elle est située à l'époque entre la rue de Cambrai, le boulevard d'Italie (qui remplace le Faubourg des Malades puis deviendra le boulevard des Écoles puis le Parc Jean-Baptiste Lebas), la rue Camille Guerin et le boulevard du Maréchal Vaillant. Ces quatre artères sont alors elles aussi toutes nouvelles. La Gare Saint-Sauveur entre officiellement en fonctionnement le 11 novembre 1865. Elle devient immédiatement la plaque tournante commerciale de Lille.
Plan de 1873 avec la gare Sain-Sauveur et les nouvelles rues alentours. Les remparts autour de la porte de Paris ont disparu.
1867 : le 26 aout, l'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugénie arrivent en train à Lille par la gare Saint-Sauveur pour une visite officielle de quelques jours. Cette visite fera la une de l'hebdomadaire Le Monde Illustré au travers d'une gravure d'une demi-page (image ci-dessus).
Dans les années 1920 : un accident spectaculaire a lieu dans la nuit du 13 au 14 janvier. Une fausse manoeuvre entraine la destruction d'une partie du mur d'enceinte donnant sur le boulevard des Écoles. Un wagon se retrouve sur le trottoir (images ci-dessous et ci-dessus)
1942 : le 11 septembre, 146 enfants et 384 adultes sont déportés par les nazis dans un train parti de la gare Saint-Sauveur en direction d'Auschwitz via le camp belge de Malines. Une plaque commémorative figure à la gare Lille Flandres (image ci-dessous) ainsi qu'une autre à la gare Lille Fives, où des cheminots sauvèrent 11 enfants ce jour là.
2003 : la mise en service d'une nouvelle plateforme multimodale à Dourges marque la fin des activités ferrées officielles de la gare.
2009 : la gare devient officiellement un lieu multi-culturel. Elle devient immédiatement un des lieux favoris des Lillois... l'histoire recommence.
La gare de Lille Saint-Sauveur au début de 20ème siècle (images ci-dessous et ci-dessus)
En 1964, les huitres de Marennes et de Noirmoutier transitaient par la gare Lille Saint-Sauveur
Les dépôts de la gare Lille Saint-Sauveur en 1966
La gare Lille Saint-Sauveur et son activité de triage font la une de La Vie du Rail en 1965
Le bâtiment du service des marchandises, appelé aussi "bureaux de la petite vitesse", est toujours utilisé par la SNCF
En 2020, la gare Saint-Sauveur est un lieu multi-culturel très actif (image ci-dessus) bordé d'une friche de plusieurs hectares (image ci-dessous)