Les courées sont des habitations typiques du Nord, caractéristiques de son développement industriel et font parties du patrimoine architectural de Lille. Synonymes d’insalubrité et de surpeuplement, les courées serviront d'habitation au classes les plus défavorisées pendant près de quatre siècles avant de disparaitre petit à petit. Aujourd'hui, les courées encore existantes sont autant de témoins d'une époque pas si lointaine que ça.
Une courée est un ensemble de petites maisons toutes semblables situées autour d'une cour reliée à une artère de la ville (rue, avenue, boulevard) par une impasse très étroite. Elles se distinguent des cités qui sont construites sur le même principe mais sont elles visibles depuis la rue. Elles possèdent un point d'eau extérieur collectif ainsi que des cabinets extérieurs (d’où l'expression aller à la cour, signifiant aller aux toilettes). Les maisons de courées n'étaient pas des habitations dans lesquelles il faisait bon vivre. Les différentes maisons étaient très proches les unes des autres, ce qui favorisait les épidémies et les conflits entre voisins. De plus, elles étaient particulièrement insalubres : mauvaise isolation, humidité, rats et planchers pourris faisaient partie du quotidien.
Les maisons de courée sont généralement sur deux niveaux et organisées autour de deux pièces, sans couloir ni dépendance. Une pièce au rez-de-chaussée qui sert de cuisine, de salle à manger et de cabinet de toilette d'où part un escalier raide qui permet d’accéder à une seconde pièce à l'étage sous les toits qui fait office de chambre unique.
C'est à Roubaix et Tourcoing que le terme "courée" est le plus utilisé. A Lille, on parle plus de "cour" même si désormais on retrouve aussi ce mot. Exemple avec La Courée Cacan, place Fernig dans le quartier Moulins.
La première mention historique des courées date de 1555 dans une ordonnance municipale stipulant que les courées, à cause de la promiscuité entre leurs habitants, sont un danger pour la prolifération des maladies contagieuses. Cependant cette prise de conscience n'entraîne pas la diminution du nombre de courées. C'est même le contraire qui se produit avec l'importante croissance démographique de la région et le besoin de loger toute la population ouvrière à proximité des usines. L'agrandissement de Lille en 1858 procure l'espoir que ces logements miséreux vont disparaitre, mais ce n'est qu'une illusion. En réalité peu de considération est accordée à la cause ouvrière et ce n'est qu'à partir de 1914 qu'on voit le nombre de courées réduire. Il faudra toutefois attendre les années 1960 pour que les courées soient rénovées et même les années 1970 pour que les dernières courées soient assainies.
Il existe encore des courées et des cités aujourd'hui. Elles ont été réhabilitées et bénéficient de tous les éléments de confort moderne. Elles appartiennent à des particuliers qui y habitent ou qui les louent aux touristes. On en trouve par exemple rue Sainte Catherine (cour de la Corderie, cour Soubespin, cour de Pologne) ou dans le quartier de Wazemmes. Elles n'attirent cependant pas les mêmes catégories de population et sont paradoxalement recherchées pour leur "promiscuité", qui était un de leur désavantage auparavant mais qui attire les artistes et les étudiants.
Ci-dessus : une courée à l'abandon
Ci-dessous : une courée rénovée et pleine de vie
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