La colonne de la Déesse est un des monuments de Lille les plus photographiés à la fois par les touristes mais aussi par les Lillois qui aiment l'immortaliser en toutes saisons, tant la lumière de la Grand Place fait évoluer son allure. Pourtant, la fière Déesse et son boute-feu ont failli ne jamais dominer les pavés lillois.
Tout d'abord, la petite histoire explique qu'elle était à l'origine destinée à couronner le sommet de l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris pour représenter la ville de Lille. Mais son auteur, le douaisien Théophile Bra, aurait offert le plâtre de la future statue à la ville de Lille en 1835 lorsque le projet parisien fut abandonné.
Mais ce n'est pas fini. En 1842, la ville dépose symboliquement la première pierre d'un futur monument commémoratif du bombardement de Lille de 1792 par les Autrichiens. Cette colonne devait accueillir en son sommet la Déesse et était située... sur la place Rihour ! Ce qui est logique car, à cette époque, la place "héberge" la mairie jusqu'à son incendie en 1916.
Mais, nouveau rebondissement, la ville décide en avril 1845 de déplacer ce projet au centre de la Grand Place. Quelques mois plus tard, une majestueuse colonne de granit de plus de 12 mètres accueille la Déesse en son sommet. Cette dernière tient dans la main droite un boute-feu, servant à allumer la mèche des canons, et montre de la gauche l'inscription du socle qui reprend la réponse du maire de Lille, François André-Bonte, refusant la reddition de la ville assiégée en septembre 1792.
« Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèle à la Nation, de maintenir la Liberté et l'Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures. »
Au sujet du choix d'une femme pour représenter la capitale des Flandres, son créateur déclara "Lille ! C'est une femme dont le front doit porter l'empreinte du courage calme et obstiné des Flamands". A noter que le mot Déesse vient du surnom populaire donné à la statue par les Lillois qui l'adopteront comme icône de la ville quasi immédiatement après son inauguration. Et petite malice de l'auteur encore, les traits de la Déesse seraient ceux de l'épouse du maire Louis Bigo-Danel, qui dirigea Lille de 1834 à 1848.
Fiche technique :
- nom officiel : la Déesse au Boutefeu
- création : 1835
- inauguration : 8 octobre 1845
- matière : bronze
- créateur : Théophile Bra
- taille : 3,5 mètres
- poids : 1 tonne
La Déesse au Boutefeu fait directement référence au rôle crucial du bataillon des Canonniers de Lille dans la défense de la ville notamment lors du siège de 1792. La ville leur rend d'ailleurs hommage à plusieurs autres endroits : tout d'abord il y a une rue des Canonniers à Lille, puis il y a un musée qui leur est entièrement consacré rue des Urbanistes et pour finir un souvenir plus pittoresque avec des boulets incrustés dans les façades du rang de Beauregard, juste en face de la Chambre de Commerce.
Anecdote : la déesse est descendue une seule fois de sa colonne et c’était en 1989 pour la construction du parking souterrain de la Grand Place. La fontaine, contrairement aux idées reçues, ne fut construite que l’année suivante, soit en 1990.
Une des plus vieilles photos connues de la Déesse, prise en 1870 par Alphonse Le Blondel
Photo de Alphonse Le Blondel, 1874
Photo Darealgael
Photo Alexm59
Photo Darealgael
Photo Greg007lille
Un soir de Coupe du Monde de Football en juillet 2018, photo ophelie_photo_lille
La Déesse en 1989 pendant la construction du parking souterrain de la Grand Place
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