Lille regorge d'anecdotes insolites mêlant histoire et bravoure. Et s'il y en a une qu'il faut bel et bien retenir, c'est celle sur le Barbier Maes. L'acte héroïque de ce commerçant en plein coeur du siège de Lille restera à jamais gravé dans l'histoire de la ville, à tel point qu'une rue lilloise porte son nom. Mais qui est cet homme et qu'a t'il fait pour s'attirer de telles louanges ?
Lille assiégée et bombardée
L'histoire débute le 23 Septembre 1792. Lille est alors menacée par le duc Albert de Saxe-Teschen. Ce dernier fait creuser des tranchées tout autour de Lille et à 900 mètres de la Grand Place afin d'intimider les Lillois. Il somme 6 jours plus tard au maire et à ses habitants de se rendre sur le champ. Le maire de Lille, appuyé des habitants, répond que jamais ils ne vivront agenouillés devant l'ennemi et qu'ils seront fidèles jusqu’au bout à la nation. Grosse déception pour le duc qui bombarde dès le lendemain tous les quartiers de Lille. En 9 jours, il envoie trente mille boulets rouges et six mille bombes ! Et comme pour mieux narguer l'ennemi, les habitants décident de continuer à vivre (presque) comme à leurs habitudes durant le bombardement.
Le Barbier Maes continue de raser
Pendant ce temps, Adrien Maes exerce son emploi de perruquier et barbier rue du Vieux Marché aux Moutons, devenue aujourd'hui une partie de la rue du Molinel côté gare Lille Flandres après la rue des Augustins. Tout à coup, une bombe frappe sa maison et son échoppe ! Le barbier n'a plus, ni ustensiles, ni salon... mais il ne s'avoue pas vaincu pour autant. Il ramasse alors un éclat d'obus et rase 14 de ses clients ! C'est ainsi qu'il entre dans la légende car cet acte symbolique montre la résistance des habitants face à l'ennemi. Grâce à eux et à des révolutionnaires venus des quatre coins des Hauts-de-France, le siège de Lille se termine le 8 octobre 1792 par la retraite des assaillants autrichiens.
La vie du valeureux barbier ne se termine pas aussi bien car quelques années plus tard, s'étant enrichi, Adrien Maes change de métier et s'installe comme agent de change au 118 rue de Paris, où il finira ruiné à son décès le
Lille a bien mérité de la patrie : histoire d'une devise
La une du premier numéro de l'hebdomadaire Le Barbier Maes, publié à Lille de 1884 à 1886
Les nombreux hommages au Barbier Maes
- L'histoire a inspiré un tableau de Louis Watteau, Le siège de Lille 1792 (voir image tout en haut). La scène représente une ville en flammes tandis que le barbier Maes et son client sont tout sourire en gros plan au milieu des soldats l'aidant à tenir l'éclat d'obus utilisé comme écuelle. Au sol, des enfants refroidissent les boulets incandescents qui viennent juste de tomber.
- Une opérette de Charles de Franciosi Siège de Lille ou le Barbier Maes épisode de 1792 est sortie en 1858.
- En 1882 lors d'une fête municipale, un char du cortège est consacré à cette histoire.
- En 1883, la rue du Prez est renommée rue du Barbier-Maes. Elle se situe dans le quartier de Lille-Centre entre la rue du Molinel et la place Jacquard. Elle débouche sur la rue Jeanne Maillotte, une autre héroïne lilloise. Ironie de l'histoire, elle sera bombardée pendant la première guerre mondiale.
- Un journal satirique appelé simplement "Le Barbier Maes" parut à Lille à partir du 14 septembre 1884 jusqu'en 1886.
- Une autre hommage - plus critique - sera fait à son encontre par Alexandre Desrousseaux, auteur du P'tit Quinquin, qui lui écrit une chansonnette. Il la surnomme : "Le barbier Masse", le présentant, à la suite de différentes recherches, comme un personnage détestable.
- De nombreux supports publicitaires reprendront aussi en images la célèbre scène du Barbier Maes (chromo, étiquette de chicorée, carte de transports...).
Histoires de boulets
- Au 18ème siècle, les tirs de boulets rouges servaient surtout à incendier les villes, ce qui explique pourquoi ils étaient chauffés dans des fours avant d'être projetés sur l'ennemi. Lors du siège de Lille, 2000 maisons furent ainsi incendiées.
- Il existe de nombreux boulets de cette époque encore visibles en décoration à l'intérieur de certaines maison lilloises.
- Il est possible d'apercevoir des reproductions de ces boulets sur la façade du Rang de Beauregard, situé place du Théâtre en face du beffroi de la Chambre de Commerce.
Le barbier Maes vu par le peintre par Gaston Mélingue
ci-dessus et ci-dessous : l'histoire du barbier Maes repris sur différents supports (carte de parking, chromo)
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