L'aéroport de Lille n'a pas toujours été à Lesquin. Pendant toute la première moitié du 20ème siècle, il se situait sur le territoire même de la ville et connut les folles années de la conquête du ciel.
C'est en 1907 que les premiers fous volants s'installent aux pieds des remparts entre la porte de Valenciennes et la porte de Douai sur un grand espace d'herbe propice aux premiers décollages. Facilement accessible, ce lieu était déjà le théâtre de loisirs aérostatiques (ballon, cerf-volant, etc.) depuis de nombreuses années. Désormais, ce sont des planeurs et bientôt les premiers engins à moteur qui vont occuper et structurer le lieu, et ceci grâce au dynamisme de Nord Aviation et des Ateliers lillois de travaux aéronautiques de Fernand Scrive, le premier à tester les vols humains. Au fil des mois, les premiers hangars se construisent et le terrain attire de plus en plus de curieux et passionnés. Très vite, un meeting aérien est organisé en juillet 1910. Lille est alors pionnière en termes de conquête du ciel et devient l’une des capitales de l’aviation européenne.
La 1ère guerre mondiale arrive. L'armée allemande réquisitionne alors l'aéroport pour y installer une escadrille de chasseurs légers et d'avions d’observation, avant de l'abandonner en janvier 1916 suite à la violente explosion du dépôt de munition des 18 Ponts, situé à seulement 500 mètres. À noter qu'à cette époque, une seconde piste d'atterrissage avait été ouverte à quelques centaines de mètres pour recevoir les plus gros avions. Cette piste, moins touchée par l'explosion, poursuivra son activité jusqu'en 1920.
En rouge : emplacement de l'ancien aéroport de Lille
La guerre est finie et le terrain aux pieds des remparts est réhabilité quasi immédiatement. Dès 1919, les activités reprennent et vont connaître un développement très rapide. En quelques années, deux grands hangars vont être construits. La piste est toujours en herbe et fait 650 mètres de long dans un premier temps avant d'atteindre 1000 mètres en 1940. Le tout sur une parcelle de 20 hectares, située à 40% sur la ville de Lille et 60% sur la ville de Ronchin. En 1935, des vols réguliers vers Paris, Londres et Bruxelles sont mis en place. En 1938, un aérogare est même créé. L'aéroport de Lille-Ronchin est alors en plein succès, même s’il est réputé être dangereux et trop proche des grandes usines du sud de Lille.
D'ailleurs à cette époque, les villes de Lille, Roubaix et Tourcoing proposent qu'un terrain de 150 hectares situé principalement sur les communes de Marcq-en-Barœul et Bondues soit aménagé pour le remplacer. L'aéroport sera bien créé mais ne deviendra pas le grand aéroport de la métropole... qui reviendra finalement après la seconde guerre mondiale à Lesquin et son aérodrome militaire créé en 1936.
Les meetings aériens d'entre les deux guerres attiraient des dizaines de milliers de spectateurs
Lorsque la seconde guerre mondiale éclate, les terrains de l'aéroport sont une nouvelle fois utilisés par les Anglais puis par les Allemands qui y placèrent de faux avions en bois appelés "Attrapen", véritables leurres pour faire croire à une forte présence aérienne à cet endroit. Trop petit et avec des pistes trop courtes pour accueillir des avions de plus en plus nombreux et de plus en plus gros, l'aéroport fut ensuite délaissé par l'armée allemande en particulier pour l'aéroport militaire de Lesquin, créé quelques années plus tôt. De plus sa grande proximité avec les activités ferroviaires et industrielles lilloises entraîna un bombardement très important de cette zone entre 1942 et 1944, ce qui scella définitivement le sort de l'aéroport de Lille-Ronchin devenu impraticable.
Les vestiges de cette activité aérienne pionnière dans la région disparurent définitivement dans les années cinquante avec la construction du périphérique de Lille. Seul le hangar historique de 1923 fut conservé pour être déplacé - ironie du sort - vers l'aéroport de Bondues, avant d'être à son tour détruit dans les années 2010.
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